1. Dégradation du sol

Suivi de la progression de la désertification

Afin de suivre l'évolution et l'avancement de la désertification, ou de l'érosion en général, il est nécessaire d'avoir des données sur le passé. Les données télédétectées (par des satellites) sont collectées depuis la fin des années 60 et constituent, à titre d'archives, une source inestimable d'information sur la qualité des sols dans le passé.

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Shrinking of Lake Chad in Arfica through the years
Réduction, au fil des années, de la superficie du lac Tchad.
Source: Wikimedia Commons

L'image ci-dessus nous montre la réduction, sur une période de 28 ans, de la taille du lac Tchad (Afrique). La hausse des températures due aux changements climatiques, couplée à une demande croissante en eau, tant pour l'irrigation des champs agricoles que pour la consommation humaine, a eu des conséquences néfastes sur la taille du grand lac. Comme le montrent les trois images en fausses couleurs du haut, on est passé d'une zone lacustre à l'époque à une zone recouverte de végétation aujourd'hui. L'image du bas est un assemblage d'images provenant de LANDSAT-7 et nous montre deux choses : le changement de couverture du sol qui passe de l'eau à la végétation (en vert) et la zone actuellement couverte par l'eau (en bleu). La partie supérieure gauche du lac, qui fût la première à s'assécher, a d'abord été remplacée par de la végétation, qui avec le temps s'est faite de plus en plus rare, mettant à nu le sol sablonneux qui se trouvait en dessous. Ces données historiques nous permettent de relever des tendances quant aux pertes d'eau et donc d'agir en conséquence.

Ces données historiques nous permettent de relever des tendances quant aux pertes d'eau et donc d'agir en conséquence.

Question: Le fait que le lac se rétrécisse signifie que l'apport en eau est inférieur aux pertes. Sais-tu d'où vient cette eau et quels sont les moyens par lesquelles elle disparait ? Pourquoi les apports ont-ils changés ces 30 dernières années ?

Réponse :

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Mesopotamia marshes, 2000
Disparition de marais en Mésopotamie entre 1973 et 2000(Données issues de MSS et LANDSAT-7). Source: NASA.

Les images en fausses couleurs (prises par deux satellites LANDSAT) montrent sur la gauche la région de Mésopotamie (Moyen-Orient). Celle du haut a été prise en 1973 par LANDSAT MSS tandis que celle du bas provient de LANDSAT+7 et de ETM+. La présence de végétation est suggérée par la couleur rouge, qui représente la réflectance dans le proche infrarouge. C'est ainsi que sur l'image de 1973, le rouge foncé correspond à la végétation sauvage grandissant dans les marais. Quant au rouge clair présent sur l'image de 2000, il est associé aux champs agricoles irrigués par les rivières.

La création de barrages sur le Tigre et l'Euphrate a réduit l'apport en eau vers les marais avec pour conséquence la disparition des zones humides mais également celle de nombreuses espèces végétales et animales, menacées aujourd'hui d'extinction. Ce qui jadis était une grande zone humide n'est plus qu'une vaste étendue de terrains secs et stériles parcourus de marais salants, là où les lacs et rivières se trouvaient auparavant. L'ensemble de la région s'est transformé en un désert tandis que la seule zone toujours recouverte de végétation (coin droit) se trouve à son tour menacée.

Il s'agit d'un exemple très parlant du suivi de la perte du couvert végétal durant une certaine période de temps. Même si cet extraordinaire changement s'est produit sur une période de 30 ans, des signes de cette tendance étaient déjà visible dans les années 1980, 1990. Il est certain que la hausse des températures due aux changements climatiques a joué un rôle dans le processus de désertification. Cependant, en modifiant l'écoulement des deux principales rivières, l'homme peut être considéré comme le catalyseur de cette désertification dans la région.

La désertification est une forme d'érosion / de dégradation des sols qui se produit dans des zones chaudes et sèches. Le sol des régions désertiques est principalement sableux et peut être transporté via des tempêtes de sable vers les zones avoisinantes avant de s'y répandre. Le manque d'eau est considéré comme le principal facteur responsable de la désertification dans ces régions. Il est aussi partiellement responsable de la perte du couvert végétal, ce qui favorise encore un peu plus la désertification. Dans de nombreux cas, c'est l'influence humaine qui augmente les pertes d'eau et du couvert végétal, et ce, à un rythme tel que la nature ne peut y remédier.